Les agents immobiliers vont devoir prendre «demain en main». C’est en tout cas le mot d’ordre du congrès annuel de la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim )qui s’ouvre aujourd’hui, car l’avenir ne s’annonce pas des plus roses pour la profession. Dès cet été, la Fnaim évoquait la perte probable de 5000 emplois en 2012, liée à une baisse de plus de 20 % des transactions. «En fait, on se rapprochera finalement plutôt des 10.000 suppressions de poste, estime Jean-François Buet ,président de la Fnaim, si l’on ajoute les contrats de négociateurs immobiliers qui prennent fin, les fermetures d’agences et de bureaux secondaires.» L’alourdissement de la fiscalité sur la pierre n’améliorera pas la donne.

Globalement, les professionnels de l’immobilier estiment que leur branche emploie 200.000 personnes. Si les activités de syndic et la gestion locative sont pour l’instant assez peu touchées, les temps sont plus durs pour près de 90.000 personnes (salariés et commerciaux) vivant des transactions immobilières. «Il va falloir s’adapter, admet Jean-François Buet. Avec les technologies actuelles, certains petits bureaux secondaires n’ont plus lieu d’être, mais c’est surtout sur la compétence qu’il faudra faire la différence.»

Les agents immobiliers vont devoir faire preuve de leur valeur ajoutée d’autant que se développe très rapidement une nouvelle concurrence: les réseaux de mandataires immobiliers sans agence. Il s’agit de commerciaux, et non d’agents titulaires d’une carte professionnelle, avec lesquels acheteurs ou vendeurs entrent en relation par téléphone ou Internet. Un modèle dans lequel semble croire la famille Pinault, puisque son holding Artemis a racheté l’an passé les deux principales enseignes: CapiFrance et Optimhome.

Proposer de nouveaux services

«Malgré la forte baisse nationale des ventes, notre activité a augmenté de 15 %», se félicite Frédéric Pitout, président fondateur d’Optimhome. Il revendique près de 1300 mandataires actifs et espère approcher les 1500 fin 2013. «Le modèle a été accepté plus rapidement que prévu et il est aujourd’hui beaucoup copié», estime-t-il. Il compte donc poursuivre son maillage du territoire et propose de nouveaux services comme le financement et la vente d’immobilier neuf.

Du côté des agents «traditionnels», on se montre dubitatif sur cette approche. «Ce qui me gêne dans cette formule, c’est qu’il faut payer pour travailler (la cotisation mensuelle approche les 400 euros, NDLR) et que la rémunération moyenne n’est pas mirobolante», souligne Laurent Vimont, président de Century 21. Comme de nombreux spécialistes, il se désole du manque de professionnalisme de certains intermédiaires et de l’absence de formation diplômante de négociateur immobilier. «Aujourd’hui pour être chauffeur de taxi, coiffeur ou vendre des assurances, il faut un diplôme mais pas pour accompagner ce qui est souvent l’achat le plus important d’une vie», résume Jean-François Buet.

En attendant une hypothétique réforme de la profession, la plupart des grands réseaux se déclarent plus confiants dans l’avenir que les indépendants. «La situation est douloureuse mais au final elle fera un peu le ménage dans la profession en éliminant les moins efficaces», estime François Gagnon, président d’Era Europe. En renforçant sa formation et sa présence sur Internet, son enseigne compte maintenir l’activité de ses 1100 négociateurs en gagnant des parts de marché auprès des particuliers qui auront plus de mal à vendre en direct ou des petites agences qui ont fermé. Même confiance du côté de Century 21: «Nous avons anticipé cette baisse des prix et formé nos équipes pour qu’elles s’adaptent mieux aux nouvelles conditions du marché, explique Laurent Vimont. Et nous mettons aussi le paquet sur la gestion locative, proposée par 450 de nos agences.»

Alors que le pays compte environ 30.000 agences immobilières, près de deux fois plus qu’il y a vingt ans, elles vont devoir innover pour se maintenir et faire changer d’avis près de la moitié des acheteurs et vendeurs qui préfèrent se passer de leurs services.

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