Formation professionnelle

Marché de la formation professionnelle : état des lieux et attentes des organismes pour 2018

Chaque année, l'Observatoire économique de la FFP mesure l'évolution de l'activité des organismes privés de formation. Que nous apprend l'édition 2017 sur le profil et la santé de ces prestataires ? A l'aube d'une nouvelle réforme, comment envisagent-ils l'année à venir ?

Dans le cadre de la 20e édition de son enquête annuelle*, la Fédération de la Formation Professionnelle (FFP) a présenté le bilan du marché de la formation pour l'année passée ainsi que les perspectives pour 2018.

Les premiers chiffres à retenir montrent qu'en 2016, la FFP a enregistré une augmentation du nombre de ses adhérents : « + 7,2 %, annonce Sylvie Petitjean, coprésidente de l'Observatoire. Ceux qui nous ont rejoint sont en majorité des petites structures (SARL et SAS), mais tous les statuts juridiques sont représentés au sein de la FFP. A ce jour, 582 organismes sont affiliés, plus de la moitié ayant adhéré depuis plus de 5 ans. »

2016 : bonne ou mauvaise année pour les OF ?

« Nos adhérents, note Sylvie Petitjean, ont formé plus de 4 millions d'apprenants (dont 80 % sont salariés), par l'intermédiaire de commanditaires essentiellement privés et publics. Cela a représenté en 2016 1,8 milliard de chiffres d'affaires cumulé, soit une hausse de 0,3 % par rapport à 2015. » Ces statistiques, pourtant croissantes, révèlent cependant une stagnation de l'activité. Certes, il y a plus d'entreprises adhérentes, mais il n'y a pas eu dans le même temps une augmentation significative du CA. Le chiffre d'affaires moyen des 582 adhérents est de 3,1 millions d'euros. « La situation est très contrastée, admet Sylvie Petitjean. Certains organismes sont en croissance, d'autres non. 70 % ont un taux de marge brute qui est en baisse ou qui reste stable. » L'heure est plutôt au statut quo.

De plus, analyse Sylvie Petitjean, « il y a une évolution des pratiques d'achat. Auparavant, les entreprises disposaient de catalogues de formation et occasionnaient des commandes un peu de manière automatique, reconnaît-elle. Aujourd'hui, nous sommes davantage perçus comme des partenaires. Le modèle a évolué. » L'internalisation de la formation, tendance que l'on observe depuis quelques années déjà, n'est pas non plus sans effet sur l'activité des organismes de formation. « Les entreprises développent de plus en plus des programmes internes et, par conséquent, achètent moins. »

Evoluer, une nécessité pour les organismes de formation

Face à ce constat, les organismes doivent s'adapter. Alors que la moitié intervient sur une seule région, 30 % se positionnent de manière inter-régionale et 19 % forment à l'échelle nationale. Un quart d'entre eux sont même tournés vers l'international, un moyen de s'ouvrir à de nouvelles opportunités. Car pour se démarquer et séduire aussi bien les entreprises que les apprenants, il faut se montrer innovant, en diversifiant pourquoi pas son activité. L'enquête relève que 36 % des organismes exercent ainsi une pluralité de compétences. En plus de former, ils proposent du conseil, de l'audit, de l'édition ou encore, de la vente de matériels. « Cela montre une certaine agilité du secteur, remarque Christophe Quesne, coprésident de l'Observatoire. Les organismes de formation professionnelle sont aussi accompagnateurs du changement. »

La qualité des formations, principale attente des entreprises

La FFP en fait une priorité et « défend la transparence du marché ». Le secteur de la formation étant de plus en plus réglementé, la très grande majorité de ses adhérents s'est engagée dans une démarche qualité pour répondre aux besoins des entreprises et salariés. « Avant que n'arrivent certaines certifications, il n'y avait que 2 000 organismes qualifiés en France... Ces chiffres se sont vite accrus depuis la mise en place du décret qualité entré en vigueur début 2017 », constate Christophe Quesne, coprésident de l'Observatoire. Actuellement, 81 % des affiliés à la FFP détiennent une qualification labellisée par le CNEFOP et 91 % une OPQF. En plus de la qualité, les entreprises demandent aujourd'hui davantage de formations certifiantes. Dans le même temps, le besoin d'évaluer l'impact de la formation et de la digitaliser, se fait toujours ressentir.

A l'aube de la nouvelle réforme de la formation...

Confiants, les prestataires de la formation professionnelle s'attendent à une reprise de l'activité dans les mois à venir. Pour 2018, 62 % envisagent une croissance supérieure à 3 %, et 54 % envisagent même de recruter. « L'embellie étant plutôt portée par les grands organismes », précise conjointement les présidents de l'Observatoire.

Prudents, ils le sont également quant à l'orientation que prend la réforme en cours. Dans un récent communiqué, la FFP met tout de même en garde « contre le risque d'une énième réforme avortée. Celle de 2014 n'avait pas atteint ses promesses, malgré des ambitions systémiques. Elle a au contraire engendré une baisse préjudiciable de l'investissement dans la formation. » L'inquiétude est donc réelle. Les acteurs de la formation se placent aujourd'hui dans un certain attentisme et comptent bien « rester vigilants ».

Yasmina Haddou-Essom


* Enquête menée de juillet à septembre 2017, auprès de 177 adhérents de la FFP sur 582 affiliés (soit un taux de réponse de 30,4 %).

Ces 177 adhérents représentent 56,6 % du CA total des adhérents.