L'invention de l'hétérosexualité

Louis-Georges Tin - Maître de conférence à l'IUFM-Orléans, enseigant à l'EHESS

Sciences Humaines N° 235 - Mars 2012

La culture hétérosexuelle n’est qu’une construction parmi d’autres. 
Si elle domine dans les représentations des sociétés occidentales, 
elle n’est ni forcément naturelle ni universelle.

Depuis des siècles, des milliers d’ouvrages ont été consacrés au mariage, à la famille, à l’amour ou à la sexualité des hétérosexuels. En fait, l’hétérosexualité en tant que telle n’apparaissait guère dans ces écrits, en général point de vue, donc point aveugle de toute vision. Dès lors, l’absence de réflexion sur l’hétérosexualité est en elle-même un fait remarquable, quoique rarement remarqué.

Pourtant, le monde qui nous entoure est tout entier obsédé par l’imaginaire du couple hétérosexuel : les contes de l’enfance, les romans des adultes, le cinéma, les médias et les chansons populaires, tout célèbre à l’envi le couple de l’homme et de la femme. Exaltée comme si elle était un objet culte, l’hétérosexualité est en même temps négligée comme si elle n’était qu’une routine sociale. Elle constitue un sujet orphelin, totalement ignoré par la communauté intellectuelle, ignoré par la société tout entière en fait.

Sur l’hétérosexualité, les questions les plus simples n’ont guère été posées. À commencer par la question des causes. En effet, quelle est donc l’origine de l’hétérosexualité ? Bien qu’en général, l’hétérosexualité semble la chose la plus « naturelle » du monde, il paraît assez difficile d’en rendre raison en termes biologiques. Or, rares sont ceux qui se sont demandé si l’attirance pour l’autre sexe était commandée par un mécanisme physiologique quel qu’il soit.

L’hétérosexualité est-elle naturelle ?

Pour le sens commun, la réponse est claire : la raison d’être de l’hétérosexualité, c’est la reproduction de l’espèce, raisonnement qui tend à rechercher l’origine dans la fin. À défaut de la cause efficiente (serait-ce un phénomène anatomique, hormonal, neuronal, génétique ?), l’on tiendrait du moins la cause finale : l’origine de l’hétérosexualité résiderait dans sa finalité génésique.

Mais cette explication n’est guère satisfaisante. Tout d’abord, elle ne permet toujours pas de localiser le principe actif expliquant le comportement hétérosexuel. Est-il dans le cerveau, dans les gènes, dans les hormones ou ailleurs ? Ensuite, à supposer que l’on puisse ainsi expliquer le caractère hétérosexué de la reproduction biologique, il est sans doute plus difficile de rendre compte du caractère hétérosexuel de l’organisation sociale. De fait, une fois la copulation accomplie, il n’y a pas de nécessité apparente à ce que le couple se maintienne. C’est de fait ce qui se passe chez la plupart des mammifères, qui se séparent rapidement, comme le montrent dans l’ensemble les études d’éthologie.

Même chez les primates qui vivent souvent en société, il serait tout à fait inexact de voir une quelconque hétérosexualité au fondement de l’organisation sociale. Bien sûr, la reproduction biologique est hétérosexuée. Mais, de manière beaucoup plus complexe, la vie sociale se fonde sur des rapports de dominance, de rivalité, de coopération et de fonctionnalité assez stricts : le couple hétérosexuel est rarement la cellule de base de l’organisation du groupe et, dans bien des cas, il n’est même pas nécessaire à l’éducation des petits. De ce fait, il est clair que l’hétérosexualité n’est pas ce qui règle d’ordinaire les sociétés animales. Il existe sans doute une sorte d’« instinct » qui pousse les individus d’un sexe vers ceux de l’autre sexe pendant l’œstrus, et ce comportement est hétérosexué. En réalité, les sociétés animales ne sont guère hétérosexuelles. D’une manière générale, la science biologique n’apporte pas de réponse sur l’origine de l’hétérosexualité, qui demeure largement inexplicable.

Dès l’origine, la psychanalyse naissante a clairement remis en cause l’illusion selon laquelle l’hétérosexualité serait chose naturelle. Ainsi, en 1905, dans les Trois Essais sur la théorie sexuelle, Sigmund Freud écrivait : « L’intérêt exclusif de l’homme pour la femme est aussi un problème qui requiert une explication et non pas quelque chose qui va de soi. » Pour lui, l’hétérosexualité n’était pas une donnée immédiate de la conscience. Comme il l’expliquait dans le même essai, « l’intérêt sexuel exclusif des hommes pour les femmes est aussi un problème qui nécessite d’être élucidé et ce n’est pas un simple fait fondé sur une attirance qui ressortirait en dernier ressort d’une nature chimique ». Loin d’être une donnée naturelle, chimique ou biochimique, l’hétérosexualité était donc à ses yeux, comme l’homosexualité du reste, le résultat de l’histoire psychique de l’individu.

En évoquant par ailleurs la bisexualité originelle de l’enfant, Freud entendait ainsi montrer que l’hétérosexualité est le résultat d’un apprentissage psychique fort difficile, qui se construit dès la plus tendre enfance. En 1920, dans Névrose, psychose et perversion, il affirmait encore : « Il faut se dire que la sexualité normale, elle aussi, repose sur une restriction du choix d’objet. » En ce sens, la psychanalyse entendait démontrer que l’hétérosexualité n’était nullement une disposition innée. Toute l’analytique des complexes, du complexe d’Œdipe en particulier, tendait à le prouver. Cependant, malgré l’extrême diffusion de tous les discours de Freud, l’idée selon laquelle l’hétérosexualité serait une disposition acquise, aussi problématique en somme que l’homosexualité, demeura tout à fait étrangère à l’immense majorité du public, et même des psychanalystes.

L’hétérosexualité est-elle universelle ?

Les sociétés humaines sont-elles toutes hétérosexuelles ? La Grèce archaïque ou classique (exemple très illustre mais non pas isolé, comme le montrent les recherches sur les Indo-Européens en général (1)) n’est clairement pas une société hétérosexuelle, même si, bien sûr, chez les Grecs comme ailleurs, la reproduction biologique est hétérosexuée. Certes, tout citoyen entend prendre femme pour assurer sa descendance, mais il est clair que l’hétérosexualité en elle-même n’est pas la base de la culture grecque de cette époque.

Pour éclaircir le propos, on pourrait établir une comparaison avec la nourriture. Dans toutes les sociétés humaines, il y a bien sûr des pratiques alimentaires, indispensables à la survie des individus. Pour autant, toutes les sociétés ne construisent pas nécessairement une culture gastronomique, comme c’est le cas en France. L’art de la table, du vin et des fromages, les rituels, le service, la convivialité, les livres de recettes, les guides, les classements et les étoiles pour les bons restaurants, les émissions culinaires à la télé sont autant d’éléments qui définissent la gastronomie à la française. Or dans la plupart des autres pays du monde, l’alimentation est nécessaire mais secondaire. On ne se croit pas obligé d’en faire un objet d’euphorie, un rite permanent, une exaltation collective. En ce sens, la pratique alimentaire est universelle, la culture gastronomique, elle, ne l’est pas.

Une construction parmi d’autres

De même, si la pratique hétérosexuelle est universelle, la culture hétérosexuelle, elle, ne l’est pas. En allant plus loin, il faudrait peut-être même se demander si les cultures hétérosexuelles, c’est-à-dire celles où l’attirance pour l’autre sexe est partout figurée, cultivée, célébrée ne constituent pas un cas particulier que des raisons historiques, liées à l’expansion économique et coloniale, auraient rendu apparemment général. En effet, dans de nombreuses sociétés, bien que les pratiques hétérosexuelles soient l’usage ordinaire, elles ne sont jamais exaltées sur le mode de l’amour, et encore moins de la passion. Elles constituent une exigence sociale objective, le désir de l’homme pour la femme étant perçu comme nécessaire et secondaire en même temps, ce qui explique bien souvent le peu de place attribué à l’amour dans ces civilisations. En réalité, l’importance donnée à l’amour, ou plus exactement à l’hétérosexualité amoureuse, semble être une particularité de nos sociétés occidentales.

La culture industrielle a fait de ce sujet une véritable obsession. Or très peu de civilisations anciennes ou demeurées à l’écart de l’industrialisation seraient prêtes à admettre – ce que personne en Occident n’aurait l’idée de contester – que l’homme existe pour aimer une femme et la femme existe pour aimer un homme. La plupart des humains, de tout temps et de tout lieu, auraient jugé étroite cette mesure de la valeur humaine : « De nombreuses civilisations, ainsi que les sociétés occidentales du passé, se sont davantage préoccupé d’autres enjeux culturels : célébration de personnages héroïques ou d’événements hors du commun, méditations sur les saisons, observations sur la réussite, l’échec ou la précarité des cycles agricoles, histoires de famille (dans lesquelles l’amour joue un rôle restreint, lorsqu’il n’est pas complètement absent), études ou élaborations de traditions religieuses ou politiques (2). »

De ce fait, si la reproduction hétérosexuée est la base biologique des sociétés humaines, la culture hétérosexuelle, elle, n’est qu’une construction parmi d’autres et, en ce sens, ne saurait être présentée comme le modèle unique et universel. Dès lors, il convient de se demander à partir de quand, comment et pourquoi notre société a commencé à célébrer le couple hétérosexuel. Mais il faut pour cela accomplir une véritable révolution épistémologique : sortir l’hétérosexualité de « l’ordre de la nature », et la faire entrer dans « l’ordre du temps », c’est-à-dire dans l’histoire.

 

À LIRE

• L’Invention de la culture hétérosexuelle
Louis-Georges Tin, Autrement, 2008.
• Dictionnaire de l’homophobie
Louis-Georges Tin (dir.), Puf, 2003.

À savoir

◊ Durant tout le Moyen Âge en Europe, l’homosexualité est combattue, notamment par l’Inquisition, sous le nom de « bougrerie ».

◊ La doctrine nazie considère les homosexuels comme des « criminels contre la race ». Entre 5 000 et 10 000 furent enfermés dans les camps.

◊ 1973 : l’Association américaine de psychiatrie retire l’homosexualité de sa liste des maladies mentales (DSM-IV).

◊ 1982 : la France dépénalise définitivement l’homosexualité.

◊ 1990 : l’homosexualité n’est plus considérée comme une maladie par l’OMS.

◊ 2008 : une déclaration est lue à l’Assemblée générale des Nations unies, portée par 68 pays.

On ne choisit pas d'être homosexuel

Durant l’Antiquité, l’homosexualité était courante et relativement tolérée (1). Puis certaines sociétés se sont fermées. L’homosexuel est alors devenu un paria moqué, méprisé, malmené et condamné. Sous le régime nazi, des milliers d’homosexuels, considérés comme des « criminels contre la race », furent déportés dans les camps. Au même moment, le régime soviétique inscrit l’homosexualité dans le code pénal. Aujourd’hui encore dans sept pays musulmans (Arabie Saoudite, Iran, Yémen, Mauritanie, Soudan, Nigeria et Somalie), l’homosexualité est passible de la peine de mort (2).

Dans de nombreux autres pays, l’homosexualité fut criminalisée ou psychiatrisée : en Grande-Bretagne, l’homosexualité est restée illégale jusqu’en 1967 ; aux États-Unis, elle fut rayée de la liste des maladies mentales en 1973. Longtemps après, elle est restée infamante, et le reste encore dans de nombreux milieux.

Dans ces conditions, on peut se demander pourquoi certaines personnes ont opté pour une pratique sexuelle aussi coûteuse sur le plan humain ?

La réponse est peut-être tout simplement qu’il n’avait pas le choix ! Tel est en tout cas l’avis de Jacques Balthazart, auteur de Biologie de l’homosexualité et pour qui « on naît homosexuel, on ne choisit pas de l’être » (3).

J. Balthazart est neuroendocrinologue. Il soutient dans son livre que l’homosexualité n’est pas un choix mais est déterminée par des causes biologiques. Pour défendre sa thèse, il s’appuie sur une série de recherches menées dans les pays anglo-saxons sur les liens entre hormones et sexualité.

Précisons d’abord que l’homosexualité dont il parle ne relève pas de pratiques de circonstances : celles des prisons, des pensionnats, des monastères, liées à l’absence de mixité dans un même lieu. De même, il n’envisage pas l’homosexualité comme pratique initiatique ou comme simple « expérience ». L’homosexualité dont parle J. Balthazart relève d’une orientation sexuelle stable qui apparaît en même temps que le désir sexuel.

L’influence hormonale sur l’homosexualité

J. Balthazart mobilise plusieurs arguments. Tout d’abord, l’injection d’hormones sexuelles sur des embryons de rats modifie leur orientation sexuelle à l’âge adulte. Ainsi, les rats mâles dont le cerveau n’est pas masculinisé ont tendance à préférer d’autres mâles aux femelles. Par ailleurs, chez les humains, certaines maladies endocrines suggèrent qu’un même type de déterminisme joue, car elles ont une forte incidence sur l’homosexualité.

Cette influence hormonale sur l’orientation sexuelle aurait donc lieu durant la phase fœtale, au moment de la « sexualisation du cerveau », et non après la naissance. C’est pourquoi les injections de stéroïdes sexuelles à l’âge adulte (pour le traitement de certaines maladies ou chez les sportifs) ne changent pas l’orientation sexuelle.

Après avoir rassemblé des études neuroendocrinologiques, épidémiologiques, génétiques convergentes, J. Balthazar en arrive donc à la conclusion que de forts déterminismes biologiques expliqueraient l’homosexualité, même si la causalité n’est sans doute pas unique.

Que penser de cette thèse pour le moins sulfureuse ? Sur le plan scientifique, J. Balthazart n’apporte pas de preuves directes et absolues d’un déterminisme biologique de l’homosexualité mais plutôt un faisceau d’arguments convergents en faveur de sa thèse. Sur le plan moral, sa théorie n’est pas particulièrement choquante : le rejet de l’homosexualité peut se faire autant en invoquant la nature ou la liberté de choix. L’Église catholique l’a condamnée parce qu’elle la jugeait « contre nature ». À l’inverse, la revendication des droits des homosexuels peut se faire au nom du respect des différences, indépendamment de savoir si cette différence relève ou non d’un choix initial.

NOTES

(1) Voir Georges Vigarello (dir.), L’Invention de la virilité. De l’Antiquité aux Lumières, t. I de Georges Vigarello, Jean-Jacques Courtine et Alain Corbin (dir.), Histoire de la virilité, Seuil, 2011.
(2) Le 1er janvier 2002, en Arabie Saoudite, trois hommes accusés de sodomie furent décapités.
(3) Jacques Balthazart, Biologie de l’homosexualité. On naît homosexuel, on ne choisit pas de l’être, Mardaga, 2010.

Jean-François Dortier

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14 commentaires
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  • - le

    Citez la psychanalyse comme vérité de réflexion sur le sujet est sans intérêt, surtout que la biologie et l'éthologie étaient très peu développées à l'époque, votre article est clairement orienté.
  • - le

    L'auteur serait apparemment prêt à affirmer que le blanc est noir si cela encensait l'homosexualité. L’enthousiasme pour sa cause lui fait perdre toute raison et esprit critique.
    Évidemment que le sexe est par essence hétérosexuel et le contraire de l'hétérosexualité(la sexualité donc) n'est pas l'homosexualité c'est la scissiparité...
    "Va donc eh sale scissipare" ça aurait plus de gueule que les insultes homophobes tristement habituelles....
  • - le

    On marche vraiment sur la tête, car même si l’argument (souvent employé) qui consiste à dire que l’homosexualité est fréquente chez les animaux est fausse .Certes elle existe mais elle est très rare, de plus le plaisir sexuel est propre à l’être humain les animaux ressentent le plus souvent de la douleur lors du coït. Donc désolé mais cet argument ne tient pas la route une seconde.
    La sexualité (homo comme hétéro) est donc (comme l’art, c’est plutôt flatteur…) propre à l’espèce humaine.
    Inutile de chercher des arguments venus de nulle-part pour se justifier. Il n’y a d’ailleurs aucune raison pour le faire, la sexualité est uniquement humaine et 10% (c’est à peu près les statistiques) d’entre elle est homo, et les 90 autres sont hétéros. Et voilà, c’est la vie….
    Ton coït est infertile, dommage pour toi le nôtre l'est , ça décuple le plaisir quand nous décidons de faire un enfant, mais toute médaille a son revers, nous devons "faire attention" ,
    désagrément que les homos ignorent….
  • - le

    Le réel vous gêne-t-il ? L'hétérosexualité a été inventée à la fin du XIXe siècle, ça c'est du factuel, de l'historique, ce qui devrait être la base de tout discours plutôt que des rêvasseries d'apprenti petit-génie. Le fait est qu'il n'y a eu aucun "homosexuel" ni "hétérosexuel" avant que ces mots pervers soient inventés de toute pièce pour définir une réalité contestable. Les développements que vous triturez sont complètement anachroniques, ridicule et sans valeur scientifique. Retournez à l'école.
  • - le

    c'est assez consternant de vulgarisation et le passage de Freud me fait rire aux éclats.
    Freud plaçait les homos dans les invertis déjà..
    Et Freud n'a jamais évoqué la bisexualité originelle. C'est Fliess.
    "Chez les Grecs comme ailleurs, la reproduction biologique est hétérosexuée" non sans déconner...
    Et là c'est le drame de l'article, la comparaison à ne pas faire : "Pour éclaircir le propos, on pourrait établir une comparaison avec la nourriture." Bien-sûr c'est évident parce-que ça fait plaisir aussi ? Parce-qu'on peut attraper des virus aussi en mangeant ?
    Et l'Amour dans tout ça ?
  • - le

    Le fait de ne connaître précisément les mécanismes biologiques de la construction cognitive et sociale l'hétérosexualité ne permet pas pour autant de réduire à néant l'influence biologique. Les mécanismes biologiques et les structures cognitives régissant les comportements associés à la reproduction ont été sélectionnés au fil des générations justement parce qu'ils ont permis aux individus les ayant de se reproduire. Et cela bien avant l'apparition de cultures, car il est peu probable que la survie de l'espèce humaine ait reposé sur la présence d'une culture hétérosexuelle.

    La présence d'une prédisposition biologique et cognitive à l'hétérosexualité n'impose évidemment pas totalement une culture hétérosexuelle, et la frontière entre ce qui est inné et acquis est difficile à tracer. On peut néanmoins observer que dans la majorité des cultures on retrouve une organisation hétérosexuelle, ce qui prône soit pour une influence biologique forte, soit pour d'autres effets bénéfiques pour les sociétés humaines. Dans tous les cas, la culture hétérosexuelle est bien une conséquence naturelle de la biologie de l'homme pour une partie et ne peut être entièrement remise en cause, comme s'il s'agissait d'une construction de l'esprit comme la gastronomie.
  • - le

    L'auteur de cet article d'une mauvaise foi évidente n'a surement pas embêté les petits d'un fauve. Il aurait eu affaire à la tigresse et non au mâle, et ça, c'est naturel et non des élucubrations intello.
    Ceci dit, chacun est libre de vivre comme il l'entend, mais l'Etat n'a pas à s'en mêler. Son rôle se borne à gérer la population, et la procréation ne peut se faire qu'entre un homme et une femme, ce qui est le propre du mariage. Pour les autres questions, il y a le PACS.
    Et si l'on se met à fabriquer des enfants artificiellement et à grande échelle (d'une manière industrielle et commerciale) pour satisfaire de envies personnelles, on arrive très vite au formatage des populations par des manipulations génétiques. Bref, à des populations d'esclaves dociles (ce qui déjà est bien en cours grâce à la puissance médiatique et aux agissements des politiques qui, dans l'ensemble, ne travaillent plus que pour leurs intérêts personnels.
  • - le

    "Dès l'origine, la psychanalyse naissante a clairement remis en cause l’illusion selon laquelle l’hétérosexualité serait chose naturelle"

    Pour être exacte, Freud disait que l'homosexualité était un stade NATUREL du developpement infantile ; le premier étant le narcissisme (l'objet aimé est moi-même), le second l'homosexualité (l'objet aimé est une projection de moi-même) et le dernier l'heterosexualité (l'objet aimé n'est plus moi, mais l'autre).

    Selon lui, les homosexuels seraient des personnes restées bloquées à un stade primitif du developpement. Pour Freud, l'homosexualité était une maladie dès lors qu'elle perdurait au long de la vie ! Il n'est donc peut-être pas très pertninent d'extrapoler ainsi ses propos.

    Par ailleurs, à aucun moment cet article ne fait mention de l'homosexualité féminine.
    Et ce n'est pas parcequ'elle est implicitement comprise dans la notion d'homosexualité, mais par omission pure et simple: " l’intérêt sexuel exclusif des hommes pour les femmes est aussi un problème qui nécessite d’être élucidé et ce n’est pas un simple fait fondé sur une attirance qui ressortirait en dernier ressort d’une nature chimique"
    Il n'est pas fait mention de l'interêt sexuel des femmes pour les hommes, les femmes ne sont donc pas prises en considération dans la suite de l'article !

    Eric C, je suis assez d'accord avec vous, à ceci près que l'exemple de la gastronomie permettait d'illustrer parfaitement le fait que certaines sociétés s'investissent plus ou moins dans la valorisation de l'hétérosexualité. Aux Etats-Unis, l'alimentation est clairement moins ritualisée, normée et sacralisée qu'en France ou au Maghreb. Pour ma part, je pense que l'orientation sexuelle d'est personne est avant tout détérminé biologiquement, et que la célébration culturelle de l'heterosexualité n'est ni plus ni moins que la supremacie d'une majorité sur une minorité, une de plus, tout comme les droitiers fabriquent un monde de droitier, les personnes de taille moyenne un monde pour les tailles moyennes, etc...
  • - le

    Quel est le rapport avec les animaux et les primates? Que les animaux se comportent en animaux certes, je suis d'accord mais l'humain est humain parce que, dans certaines facette de sa vie, il dépasse sa condition animale. L'humain, en société organisée, dépasse sa polygamie naturelle, pour le bienfait de la vie en société. Je pense à mon avis qu'il faut regarder le "bon" produit par un comportement social.

    Dans le même genre, je pourrais dire que le fait de se retenir avant de faire ses besoins dans sa culotte est une construction sociale. La culture de la toilette est donc une invention.
  • - le

    Il n'est pas nécessaire d'avoir le bagage universitaire de Louis-Georges Tin pour s'apercevoir que celui-ci tord honteusement les faits pour les faire correspondre une idéologie actuellement en vogue.

    Pour commencer, l'analogie avec la culture gastronomique est extrêmement mal venue. Si le concept de gastronomie est peut-être typiquement français ou occidental, je ne connais pas de peuple qui n'en pratique pas une version certes dépouillée de l'apparat que nous lui donnons mais néanmoins toute aussi solide que la nôtre. Je ne crois pas prendre un grand risque en affirmant que toutes les sociétés ont une tradition culinaire, des goûts et des dégoûts communément admis et la pratique de la convivialité au cours de repas pris en commun. Ils n'en font peut-être pas "un objet d’euphorie, un rite permanent, une exaltation collective", ils ne la nomment pas "gastronomie" mais dans les fait ils la pratiquent. Donnez-moi un exemple de culture dont les membres absorbent indistinctement des aliments bruts, sans la moindre préparation et ne manifestent aucune préférence alimentaire, alors j'admettrai la validité de l'analogie mais jusque là je la considèrerai comme nulle et non avenue.

    A l'analogie boiteuse avec la gastronomie, j'en oppose à l'auteur une autre beaucoup plus pertinente et proche du phénomène qui nous intéresse, la latéralisation. S'il est exact que la plupart des objets et dispositifs utilisés dans notre société sont conçus pour une utilisation par un droitier, c'est tout de même parce que cela correspond à la réalité statistique indéniable et universelle de la prédominance du nombre d'individus droitiers par rapport aux gauchers. Il n'y a pas "d'invention de la droiterie", sorte de dictature culturelle qui imposerait à des individus naissant indistinctement latéralisés d'utiliser préférentiellement la main droite plutôt que l'autre, pas plus qu'il n'y a "d'invention de l'hétérosexualité" imposant a des individus naissant sexuellement neutres une préférence sexuelle plutôt qu'une autre. On doit au contraire considérer que la pression sociale encourageant l'hétérosexualité est identique à celle qui s'exerce sur les gauchers contrariés : réelle certes mais ne concernant en réalité qu'un petit nombre d’individus.

    En ce qui concerne les références historiques apportées par l'auteur je rejoins l'opinion du commentateur (réfection-le 20/02/2012) qui parle de "mode". Que certaines cultures aient imposé l'homosexualité à leurs représentants ne prouve rien et ne donne aucune indication sur sur leur préférence sexuelle si elle avait pu s'exprimer librement. Pour poursuivre avec l'analogie sur la latéralité, gageons qu'une culture qui aurait imposé la gaucherie à ses représentants aurait produit des générations de droitiers contrariés qui se seraient conformés aux usages sociaux, sans que cela ne prouve quoi que ce soit sur une supposée "indifférenciation naturelle de la latéralité". En outre, on peut remarquer que le nombre de sociétés prônant l'homosexualité sont suffisamment anecdotiques pour pouvoir parler d'aberration.

    Enfin, dernier argument destiné à conforter mon analogie, comme l'hétérosexualité, la latéralisation à droite a été aussi longtemps communément admise sans faire l'objet d'une réflexion sinon tout aussi tardive que celle sur l'hétérosexualité puisque les premiers travaux sur le phénomène remontent seulement aux années 60. Et comme pour l'hétérosexualité, cela ne contredit en rien la prédominance en nombre des individus droitiers, pas plus que cela ne remet en cause la distribution statistique qui affecte les individus en matière de sexualité.

    Mon intervention ne vise en rien à "stigmatiser" (le mot est tellement à la mode que je ne peux m'empêcher de le mettre entre guillemets) une partie de la population en raison de ses orientations sexuelles, d'autre part je n'ai pas l'habitude d'intervenir sur des sites à vocation culturelle ou scientifique, mais voir un universitaire mettre de façon aussi éhontée son savoir au service d'une idéologie m'a obligé à prendre le temps de rédiger ce commentaire.
  • le

    Pourquoi ce genre d'argument est-il toujours écrit par des homosexuels? Ne devrait pas faire également une analyse sociologique (mais aussi psychanalytique, si vous voulez) de ce fai t? Quand allons-nous cesser de confondre la juste lutte pour les droits et l'attaque des autres? Serait-il acceptable, dans un magazine sérieux et respecté, aujourd'hui, d'attaquer l'homosexualité comme cela se fait dans cet article vis-à-vis de l'hétérosexualité? Honnêtement, je ne crois pas. Ce serait censuré.
  • - le

    @ anonyme. Et pourquoi considérez-vous comme "une attaque" contre l'hétérosexualité le fait de dire qu'il s'agit d'une construction culturelle et sociale parmi d'autres ? Personnellement, je suis hétéro, et je ne me sens pas menacé par un tel article. Au contraire, j'ai plutôt l'impression d'en ressortir plus intelligent.
  • - le

    L'exemple grec est un mauvais exemple pour légitimer la légitime lutte gay à mon sens : je ne pense pas que les élèves respiraient toujours la fierté au sortir d'un "rituel d'initiation à la vie d'homme". Celui-ci a sans doute plus à voir à une forme de tyrannie demeurant aujourd'hui encore non identifiée, une tyrannie non davantage des homosexuels sur les hétérosexuels mais plutôt des "vieillards", détenteurs du logos, du savoir des dieux, de celui des armes et maîtres de la cité, sur les petits jeunes qui en veulent et qui devaient donc alors, pareil à des objets, plaire à leur vénéré maître.

    N'étant certain que de la cruauté de l'Homme, je ne crois pas à une genèse à l'homosexualité grecque qui trouverait ses origines dans une surabondance d'hommes par rapport aux femmes : je pense plutôt que c'est une mode (oui, une mode, comme on en dénombre tant de nos jours) qui a été initiée par un sombre pédéraste dominateur, tendance qui s'est culturellement imposée parce que notre société grecque ne favorisait guère le contact avec la femme, tenue à distance et cantonnée à des tâches peu glorieuses et surtout pas guerrières ! (spartiates à part)

    Ces grecs là, homosexuels de leur état, indifférents au sort des femmes comme celui des esclaves, ne cachaient pas leur sexisme (c'est ce qui me trouble dans le texte ici présenté... la femme y est cantonnée à un rôle de reproductrice, l'amour appelé à être déconstruit ou "replacé à sa place"...).

    Je trouve très dangereux de reléguer la reproduction à une étape secondaire dans le déroulement social. Je m'explique. Il se peut que dans un avenir proche, les femmes n'aient plus besoin des hommes pour procréer (en joignant deux ovules de deux femmes différentes, une petite fille pourrait être "obtenue"). Cela pourrait conduire à long terme à un renversement de l'ordre social qui annoncerait la caducité de l'homme, hétérosexuel comme homosexuel.
  • - le

    Reexion précieuse que cette intervention. L Egise catholique joue à mon sens un rôle majeur dans la propagation du concept de la femme moitié de l homme impliquant l idée sous-jacente qu un être n est complet qu hétérosexuel et n atteindrait cette complétude que par l Amour rédempteur. Pour transformer la sexualité matriarcale en sexualité sociale contrôlée par des lois et des hommes, eux mêmes exclus de l hétérosexualité par la prêtrise. Passage au patriarcat qui nécessite de reduire la puissance féminine en ramenant la nécessité du couple domine par homme, la nécessité du sexe pour transmettre l héritage, la construction sociale de l hétérosexualité délimite les pouvoirs des sexes en faveur du masculin. Réflexion spontanée matinale...
* Champ obligatoire