Nos cinq sexes

Jean-François Dortier

Sciences Humaines N° 235 - Mars 2012

Nous avons tous cinq identités sexuelles : chromosomique, anatomique, 
hormonale, sociale et psychologique. La plupart du temps, 
celles-ci coïncident. Mais il arrive parfois qu’elles ne convergent pas, 
révélant ainsi des identités ambiguës ou hybrides.

Je ne suis ni transsexuel ni hermaphrodite ni androgyne. Non, je suis un type ordinaire : sexe mâle, genre masculin, pratique hétéro. Et pourtant j’ai cinq sexes ! Oui : cinq. Vous aussi d’ailleurs. Nous avons tous cinq sexes. Nous possédons un sexe génétique (XX ou XY), un sexe anatomique (pénis ou vagin), un sexe hormonal (testostérone ou progestérone), un sexe social ou « genre » (homme ou femme) et un sexe psychologique (masculin ou féminin). Comme, en général, ces sexes coïncident et se superposent, nous ne nous rendons pas compte de cette diversité, nous avons l’impression de n’en avoir qu’un seul.

Mais quand on examine comment se construit l’identité sexuelle par étapes successives et que se produisent au passage certaines anomalies ou étrangetés, on découvre alors que la construction des sexes n’est pas un destin aussi figé qu’on le croit. La détermination sexuelle est même riche de possibilités et de variations dans ses expressions physiques, sociales et psychologiques. Voyons cela de plus près.

 

1. Le sexe génétique

Notre premier sexe est génétique. Chaque individu possède 23 paires de chromosomes, dont une paire de chromosomes sexuels. Chez les filles, cette paire est identique (XX), pour les garçons, l’un des chromosomes diffère : le [...]

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6 commentaires
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  • - le

    Non ! Nous les femmes ne sommes pas sexuées anatomiquement car nos gènes n'ont pas le Y lequel justement donne un sexe anatomique de l'homme ! Et le vagin n'est qu'un orifice non prolongé d'une paroi donnant accès à l'apareil génitale féminin qui opère fécondation laquelle est reçue par une cavité matricielle gestationnelle ! Il n'y a qu'un sexe et c'est celui de l'homme ! Maintenant on n'a jamais dit que les plaisirs charnels n'étaient pas l'affaire des femmes ! Au contraire !
  • - le

    Un enfant sur 5000 nait intersexué, donc avec une confusion réelle entre ses cinq "sexes". Pour tous les autres, soit 99.98 % des humains, la convergence entre nos cinq sexes ne pose pas trop de problème. Mieux même, elle nous construit comme individu dans notre différence/complémentarité avec l'autre moitié de l'humanité qui est différente. C'est dans l'association de ces deux différences que la société puise sa capacité à se reproduire.
    Faire croire que nous pourrions être indifféremment (au choix ? pas tant que ça, comme le prouve l'exemple de Marie-Marcelle qui semble confirmer qu'il existe une nature contre laquelle on ne lutte pas) homme ou femme est un fantasme narcissique de toute-puissance qui ferait croire que je porte en moi-même ma finitude : je suis né de moi-même, pensent de plus en plus nos enfants que l'on pousse non pas à remettre en cause l'héritage des générations passées (attitude très saine et qui permet elle aussi de se construire "contre" quelque chose de tangible) mais à refuser tout héritage, donc à perdre tout identité, qui reste le principe à partir duquel je me comprends dans ma différence avec les autres.
    En fait, il y a deux façons de lutter contre les inégalités : la façon simpliste qui consiste à nier/supprimer la différence en croyant supprimer le problème, et qui est tout à fait infantile, et celle qui s'appuie sur le principe de réalité en comprenant les différences et en les "tordant" dans un sens égalitaire quand elles le sont aussi peu que celles qui distinguent encore socialement les hommes des femmes. On ne redresse pas une différence qui n'existe pas. Les hommes et les femmes sont différents (en partie, seulement bien sûr, comme le sont aussi les humains et les animaux qui ont aussi quelque chose en commun). Une fois posée cette différence, reste à nous mobiliser pour qu'elle ne soit plus jamais le prétexte à une inégalité/domination d'un sexe sur l'autre.
  • - le

    Bravo pour cet article synthétique qui aide à sortir de la catégorisation binaire ''femme / homme'' dans laquelle nous sommes enfermés qui nous empêche d’appréhender correctement la complexité de la diversité sexuelle et de lutter efficacement contre les discriminations http://www.formation-gendd.com/journee-internationale-contre-lhomophobie-le-17-mai/
  • - le

    Sur ce point, "la première personne à avoir défini le genre face au sexe n'est pas Money mais Ann Oakley (voire Beauvoir d'ailleurs)."
    Money et Stoller différenciaient le sexe biologique du sexe psychologique dans le développement de l'enfant et non, dans le cadre d'une pensée féministe, du lien dans les rapports sociaux de sexe, des places, rôles et psychologies à l'âge adulte.
    Sur Vidal et plus largement le postféminisme, elle défend une idée de la complexité humaine ne s'arrêtant pas à des déterminismes et réfutant l'essentialisme qui n'est pas du ressort de la science mais du modèle sociohistorique de société.
  • - le

    Bonjour

    je vous renvoie déjà à l'article de Fausto Sterling ; Two sexes are not enough
    http://www.pbs.org/wgbh/nova/body/fausto-sterling.html

    et je vous rajoute le lien concernant le gène SRY : http://www.embryology.ch/francais/ugenital/molec02.html

    Comme Muriel, je vous souligne qu'il n'est pas prouvé que les hormones ont une influence sur le comportement ; Vidal dit tout le contraire justement.

    la première personne à avoir défini le genre face au sexe n'est pas Money mais Ann Oakley (voire Beauvoir d'ailleurs).

    vous dites "Toutes les sociétés humaines connues assignent des rôles différenciés aux hommes et aux femmes. "
    cela n'est pas tout à fait juste. il faudrait dire "Toutes les sociétés humaines connues assignent des rôles différenciés aux personnes assimilées hommes et aux personnes assimilées femmes". on peut avoir un pénis et exercer des tâches considérées comme féminines par exemple. (mahu par exemple).
  • - le

    Bonjour

    La référence à Catherine Vidal me semble pas suffisamment explicitée dans cette partie sur le sexe hormonal et peut mener à un contresens :

    "Les hormones sexuelles ont un impact important sur l’anatomie, le comportement et la psychologie. La sexualisation du cerveau démarre dès le stade embryonnaire (1)."

    Catherine Vidal explique effectivement que dès l'embryon, le cerveau connaît une imprégnation hormonale qui va orienter les fonctions de reproduction. Mais la relation s'arrête ici.
    Loin de défendre l'idée que le cerveau aurait un sexe (comme laisse entendre l'article), la chercheuse met avant la formidable "plasticité" du cerveau qui sait s'adapter dès notre plus jeune âge mais aussi sur du temps très court, en quelques mois par exemple, suite aux différents stimuli de l'individu.
    De plus, elle critique l'idée qu'il y ait un quelconque lien entre les hormones et le comportement. Au contraire, cette idée n'est qu'une hypothèse prise pour une vérité par la majorité des gens alors que rien ne permet de la prouver.

    Cordialement,

    Muriel
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