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Interview

Artur Avila : «Les choses sont en train de dégénérer en France pour la recherche»

INTERVIEW - Le chercheur franco-brésilien Artur Avila, médaillé Fields 2014 (l’équivalent du Nobel de mathématiques), soutient la manifestation de chercheurs qu’organise vendredi le mouvement Sciences en marche. Il se dit « préoccupé » par les perspectives d’emploi scientifique. Les salaires débutants, « trop bas », peuvent démotiver les plus talentueux, s'alarme-t-il.

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Artur Avila.

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 16 oct. 2014 à 17:56

Pourquoi soutenez-vous Sciences en marche  ?

Je suis préoccupé par l’évolution de la situation de la recherche. En mathématiques, le nombre de postes de chercheurs décroît de manière importante. On forme des étudiants sans savoir s’il y aura de la place pour tout le monde. S’il devient improbable de trouver un poste, les jeunes vont s’orienter vers d’autres carrières. Tout cela est assez dangereux car on a une dynamique vertueuse, en particulier en mathématiques, avec une grande tradition de haut niveau qui se perpétue, dans la mesure où les anciennes générations motivent et forment les nouvelles. Si cette dynamique est cassée, elle sera ensuite difficile à retrouver.

Il ne faut pas, pour des raisons conjoncturelles ou autres, prendre des décisions qui affectent les carrières des chercheurs. S’ajoute à cela un problème de financement et de valorisation du métier scientifique. Le niveau de compétition pour accéder à un poste de maître de conférences est terrible, même pour les très bons. Et quand on regarde les salaires débutants d’un maître de conférences ou d’un chargé de recherches, ils sont trop bas, notamment à Paris, pour être compatibles avec une vie de famille et un niveau de vie décent. Tout cela peut démotiver les jeunes, y compris talentueux.

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La recherche est « de bonne qualité » en France, plaide la secrétaire d’Etat Geneviève Fioraso en évoquant la place de numéro 2 mondial pour les médailles Fields après les Etats-Unis...

On répète souvent cela en France, alors qu’on ne fait pas des investissements comparables à ceux des Etats-Unis. Si on regarde les salaires des deux pays, la comparaison ne tient pas la route. Si on veut d’autres médailles Fields, il faut s’en donner les moyens. Se dire que ça marche bien et que donc ça va continuer à bien marcher ne va pas fonctionner. Or, en France, les choses sont en train de dégénérer. On a beaucoup de bons mathématiciens, et il faut veiller à ne pas perdre cet avantage.

Quels conseils donnez-vous aux doctorants en France  ?

Sans les pousser à partir, je leur conseille d’être ouverts à toutes opportunités qui existent à l’étranger, notamment pour le premier poste, avant d’envisager de revenir en France. D’autant que c’est un métier international, et que les contacts avec les chercheurs à l’étranger leur seront bénéfiques.

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