Analyse

Les usines accélèrent la production

Mine de rien, il y a assurément des gains de productivité dans le secteur manufacturier.

La production en usines a repris de plus belle en fin d’année au Canada avec une hausse de 2,3 % en décembre, soit tout autant qu’en novembre.

Le Québec contribue particulièrement à cet essor avec un bond de 4,1 % qui fait suite à un autre de 4,0 % en novembre, selon les données de Statistique Canada. La valeur des ventes en décembre a atteint 12,8 milliards, un sommet depuis juillet 2008.

Ces deux derniers mois font aussi en sorte que la croissance annuelle de l’industrie manufacturière québécoise est désormais plus rapide que celle de la moyenne canadienne : 5,7 % contre 4,1 %. L’augmentation annuelle de l’Ontario est de 2,0 %. Seule la Nouvelle-Écosse enregistre une baisse.

Si on fait abstraction des prix, la production manufacturière a tout de même augmenté de 2,8 % entre décembre 2015 et décembre 2016.

Pourtant, l’effectif en usines a diminué de quelque 53 000 personnes d’un océan à l’autre alors qu’il a peu varié au Québec durant la même période, selon les données de l’Enquête sur la population active.

Il y a forcément eu robotisation et optimisation de la production pour arriver à pareil résultat, même si la valeur des achats en machines et équipement publiée à ce jour ne le confirme toujours pas.

À l’échelle canadienne, la progression de la valeur de la production n’est pas une histoire de prix : en volumes, l’augmentation est aussi de 2,3 % tandis que celle de novembre a été révisée à la hausse et est estimée désormais à 1,8 %.

Ces deux bons mois d’affilée rachètent amplement le recul étonnant d’octobre, au point où la production en usines aura contribué à la croissance pour le deuxième trimestre d’affilée durant l’automne en dépit du déstockage.

Autre élément encourageant, le déstockage s’est poursuivi pour le troisième mois d’affilée.

Le ratio de la valeur des stocks par rapport aux ventes est descendu à son niveau le plus faible en six ans. Cela signale que la production a dû se maintenir à tout le moins en janvier et en février.

Si on se fie à l’enthousiasme des consommateurs américains qui ont fait monter le chiffre d’affaires des détaillants pour le cinquième mois d’affilée en janvier, on peut penser que les manufacturiers exportateurs canadiens de produits finis ont aussi réalisé de belles ventes en début d’année.

La hausse substantielle des ventes, qui a pris de court les prévisionnistes, n’était pas généralisée, cependant. Seulement 8 des 21 segments ont enregistré des augmentations.

Parmi eux, on note surtout le bond de 7,4 % des ventes de matériel de transport qui mettait fin à une séquence de deux replis d’affilée. Il explique à lui seul 65 % de l’augmentation de tout le secteur de la fabrication.

Fait inusité et sans doute non récurrent, la catégorie fourre-tout « autres types de matériel de transport », qui inclut les véhicules blindés, récréatifs ou les vélos, était fortement à la hausse.

L’autre augmentation significative a été observée dans les produits du pétrole et du charbon. Le bond de 11,6 % est attribuable aux activités de raffinage qui ont repris après deux mois d’entretien dans quelques raffineries. L’agence fédérale précise aussi que cette industrie a augmenté de 9,2 % le niveau de ses stocks.

Il faut rappeler que les importations de pétrole ont fortement diminué en décembre.

La hausse des ventes au Québec s’explique avant tout par la poussée de 22,1 % dans l’industrie du matériel de transport et, dans une moindre mesure, par des augmentations dans le raffinage et la première transformation des métaux.

Si on cherche une ombre à ce tableau plutôt lumineux tant à l’échelle canadienne que québécoise, il faut la trouver au chapitre des nouvelles commandes. Elles ont baissé de 0,8 % par rapport à novembre, mais cette diminution survient après trois hausses consécutives. En un an, leur valeur a grimpé de 4,2 %.

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