Des cyberattaques obéissant à des motifs politiques ont émergé cette année en France, a indiqué mercredi Guillaume Poupard, directeur général de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI) qui a sensibilisé les partis à cette nouvelle menace.

«Jusqu'ici les motivations évidentes étaient le renseignement économique, ça existe toujours», à un niveau qui ne faiblit pas avec une vingtaine d'attaques majeures cette année, «mais on voit des attaques dont le motif n'est pas économique, qui préparent le terrain» en cartographiant des systèmes d'information, a-t-il expliqué au cours d'un point presse.

Le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), dépendant de Matignon, auquel l'ANSSI est rattachée, a organisé un séminaire le 26 octobre dernier avec les partis politiques français pour les sensibiliser à cette menace.

Au vu des vols de données au sein du Parti démocrate aux États-Unis pendant la campagne présidentielle, «nous (les) avons mis en garde, (leur) avons expliqué quels sont les sujets de préoccupation pendant une campagne électorale et montré les bonnes pratiques», a expliqué Louis Gautier, secrétaire général de la SDGSN.

Mais «il est de la responsabilité des partis de se protéger», a-t-il averti. L'ANSSI ne peut que prodiguer des conseils, pas vérifier les systèmes d'information des partis, ce qui risquerait d'être une interférence dans le processus démocratique.

Tous les partis présents au Parlement étaient conviés, et seul le Front National n'a pas assisté au séminaire.

«Pour certains (partis) c'était une piqûre de rappel, pour d'autre un éveil», a expliqué M. Gautier.

L'ANSSI n'a pas souhaité attribuer précisément les tentatives d'incursions, ce qui relève d'une décision politique, mais a indiqué que des actions similaires à celles des pirates à l'oeuvre aux États-Unis pendant la campagne présidentielle avaient été décelées.

«Je vous confirme que ces groupes sont actifs, ça ne s'arrête pas aux frontières de la France», a noté Guillaume Poupard.

«Des gens rentrent dans les systèmes d'information et préparent les attaques de demain, qui pourraient prendre la forme de sabotages ou de vols de données», a-t-il poursuivi.

«Il y a derrière un dessein stratégique, ça intrigue, voire plus», a renchéri Louis Gautier. «On est obligé de les relier à d'autres phénomènes dans des domaines stratégiques», a-t-il remarqué en citant l'exemple d'incursions de chasseurs russes dans les espaces aériens de pays européens.