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Les étés seront de plus en plus caniculaires à Paris

Les températures augmenteront de 3,5 ºC à 5 ºC d’ici à la fin du siècle, à défaut de nouveaux aménagements urbains.

Par Stéphane Foucart

Publié le 26 octobre 2012 à 12h03, modifié le 26 octobre 2012 à 12h25

Temps de Lecture 3 min.

Désastre sanitaire ou souvenir épouvantable, la canicule de 2003 a aussi été une formidable aubaine pour les climatologues et les urbanistes. En rejouant le film des pires nuits du mois d'août de cette année-là, les chercheurs de Météo France et du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) ont cartographié l'intensité de l'effet d'"îlot de chaleur urbain" sur l'agglomération parisienne. Ils ont ainsi pu simuler à l'échelle de la capitale les microclimats estivaux auxquels elle sera soumise, quartier par quartier, à l'horizon de la fin du siècle.

Financées par la Ville de Paris dans le cadre du projet Epicea et rendues publiques mercredi 24 octobre, ces simulations permettent surtout de tester et de comparer les effets de plusieurs aménagements urbains susceptibles d'atténuer les futures canicules.

Sans surprise, celles-ci seront de plus en plus nombreuses. En se fondant sur des scénarios d'émissions de gaz à effet de serre raisonnablement pessimistes, les températures moyennes de la région parisienne devraient grimper de 2ºC à 4ºC d'ici à la fin du siècle par rapport à la moyenne 1971-2006. La différence devrait être la plus marquée en été, avec une augmentation moyenne des températures de 3,5ºC à 5ºC et un nombre de jours de canicule qui, selon les résultats de l'étude, devrait être multiplié par douze.

ZONES PARISIENNES SOUS UN "DÔME DE CHALEUR"

Les variations sont notables d'un quartier à l'autre. "Notre objectif était d'abord d'identifier les arrondissements dans lesquels l'effet d'"îlot de chaleur urbain" est le plus marqué, explique Julien Desplat, chercheur à Météo France et coauteur de ces travaux. Dans nos simulations, nous avons donc essayé de représenter Paris le plus finement possible, avec la largeur des rues, la hauteur et le type de bâtiments présents, le couvert végétal, la présence ou non de plans d'eau."

L'encaissement global de la ville et la combinaison de ces paramètres permettent de prédire les zones qui sont situées en été sous un "dôme de chaleur". Les simulations reproduisant la canicule de 2003 indiquent que ce dôme s'installe prioritairement au-dessus des IIe, IIIe, VIIIe, IXe, Xe et XIe arrondissements, avec 4ºC à 7ºC de plus, juste avant l'aube, par rapport aux températures relevées dans la petite couronne. Et un excès de température de 2ºC à 4ºC par rapport aux arrondissements parisiens les moins exposées à cet effet d'îlot de chaleur.

"Nos simulations montrent aussi qu'un effet de "panache urbain" expose les zones limitrophes de ces arrondissements à des excès de température, en fonction de la direction et de l'intensité des vents", ajoute M. Desplat.

Les chercheurs ont également testé des scénarios d'adaptation de l'urbanisme, à même d'atténuer cet effet. Le premier a consisté à imaginer que les toitures et les façades sont recouvertes de matériaux très réfléchissants, de couleur claire.

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"L'impact simulé sur les températures dans Paris intra-muros est relativement important, avec 1ºC de moins en moyenne sur toute la durée de la canicule et 3ºC de moins – au maximum – à un instant donné dans le centre-ville densément construit par rapport à la situation de référence", écrivent les chercheurs.

ADAPTATION ET INVESTISSEMENTS

Une deuxième simulation a été menée, dans laquelle l'ensemble des terres nues parisiennes et la moitié de la superficie des voies de largeur supérieure à 15 mètres, sont recouvertes de végétation. Les 1 160 hectares de surface parisienne ainsi "verdis" permettraient de faire baisser les températures de 3ºC à 5ºC en journée. Mais cet effet important n'est obtenu qu'à la condition de maintenir un arrosage conséquent sur les espaces verts ainsi créés. "En situation de stress hydrique, c'est-à-dire en l'absence d'évapo-transpiration, l'effet de cette végétation est bien plus faible, voire nul", précise Julien Desplat.

Enfin, une troisième possibilité a été envisagée, celle de l'humidification permanente de toutes les chaussées de la capitale, grâce au réseau d'eau non potable de la ville. L'effet bénéfique est moins marqué que pour les deux précédents scénarios, avec une baisse moyenne de température de 0,5ºC sur l'ensemble de l'épisode caniculaire et des baisses maximales, en journée, de 1ºC à 2ºC.

"Même lorsque les bénéfices en température peuvent sembler mineurs, il faut avoir à l'esprit qu'une baisse de température moyenne qui apparaît faible peut avoir des effets importants en termes sanitaires", précise M. Desplat. Les quelques degrés supplémentaires de la canicule de 2003 ont eu pour bilan environ 15 000 morts en France et près de 70 000 en Europe.

La faisabilité technique et économique des scénarios d'atténuation imaginés par les chercheurs de Météo France et du CSTB n'a pas été évaluée. Mais les bénéfices prévus aideront à décider de l'ampleur des investissements consentis à l'adaptation de la capitale au réchauffement à venir.

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