ENTREPRENEURIAT. La France a comptabilisé fin 2018 environ 1,4 million d'auto-entrepreneurs, dix ans après la création de ce statut spécifique. La population, majoritairement masculine, affiche un chiffre d'affaires moyen annuel en hausse, et le secteur du bâtiment compte le plus grand nombre de micro-entrepreneurs actifs.

La loi de modernisation de l'économie, entrée en vigueur le 1er janvier 2009, a créé le statu de micro-entrepreneur dans l'objectif de simplifier l'exercice des petites activités indépendantes. Dix ans après, l'Agence centrale des organismes de Sécurité sociale (Acoss), l'organisme qui chapeaute les Unions de recouvrement des cotisations de Sécurité sociale et d'allocations familiales (Urssaf), a dressé un portrait de ce statut spécifique tout en indiquant les futures réformes visant à améliorer la prise en charge de ces populations.

 

 

1,36 million de micro-entrepreneurs actifs en 2018, les immatriculations ont bondi de 23,7%

 

Tout d'abord, l'Acoss a comptabilisé, en 2018, 1,36 million de micro-entrepreneurs actifs, un chiffre en progression de 15,4% par rapport à 2017 (soit 461.000 nouveaux inscrits l'année dernière). En un an, les immatriculations ont bondi de 23,7%. Sur l'année 2018, 1.357.000 auto-entrepreneurs étaient actifs sur le plan administratif, dont 1.012.000 actifs sur le plan économique, autrement dit ayant déclaré un chiffre d'affaires positif. La part de micro-entrepreneurs actifs s'élève donc à trois sur quatre, contre seulement 35% en 2011. Parmi les caractéristiques-clés, on retiendra que cette population se compose à 61% d'hommes et à 39% de femmes, bien que la proportion des femmes actives sur le plan économique soit plus conséquente, à hauteur de 80% contre 71% pour les hommes. On dénombre 19% d'entrepreneurs de moins de 30 ans, 12% de plus de 60 ans, avec une part d'actifs qui croît proportionnellement avec l'âge. Par ailleurs, 33% des entrepreneurs actifs sont salariés dans le secteur privé, et 19,3% ne réalisent pas de chiffre d'affaires. Et lorsqu'ils sont déjà salariés, les auto-entrepreneurs le sont la plupart du temps dans un secteur d'activité différent de celui de leur micro-entreprise. Plus largement, ce statut a engrangé chaque année 8,3% d'inscrits supplémentaires sur la période 2011-2017.

 

Le BTP constitue le secteur le plus important en termes de micro-entrepreneurs actifs sur le plan administratif, avec 159.600 personnes comptabilisées

 

Avant de s'intéresser à l'évolution du chiffre d'affaires, il faut rappeler qu'une réforme du doublement des seuils a eu lieu dans le courant de l'année 2018, ce qui a permis à des auto-entrepreneurs proches des plafonds en 2017 de continuer à développer leur activité tout en conservant leur statut. Ainsi, près de 54.000 personnes ont pu bénéficier de ce phénomène de doublement en déclarant un chiffre d'affaires supérieur aux anciens seuils : au global, le chiffre d'affaires annuel moyen a conséquemment augmenté de 10,2%. Le dispositif du micro-entrepreneuriat a représenté un chiffre d'affaires total de 12,4 milliards d'euros en 2018, avec un rythme de croissance de 12,2% en moyenne chaque année, sachant qu'il faut aussi prendre en compte la hausse des effectifs, de l'ordre de 13,3%. Les auto-entrepreneurs ont donc réalisé un chiffre d'affaires annuel moyen de 11.298 € l'année dernière. Depuis 2009, c'est le secteur des transports (livraison et entreposage) qui a enregistré le dynamisme le plus flagrant au niveau du nombre d'auto-entrepreneurs administrativement actifs : +44% entre 2011 et 2017 en croissance moyenne annuelle, un chiffre qui s'est même envolé à +80% en 2018.

 

 

Quelques chiffres sur le BTP

 

Fait notable : en 2018, 16 secteurs d'activité ont concentré 75% des auto-entrepreneurs, dont le secteur de la construction (11,8%). Le bâtiment et les travaux publics constituent d'ailleurs le secteur le plus important en termes de micro-entrepreneurs actifs sur le plan administratif, avec 159.600 personnes comptabilisées, loin devant le secteur des arts et spectacles, qui ne totalise "que" 93.900 immatriculations. Quant au chiffre d'affaires annuel moyen, il varie selon les activités : sur le segment "BTP travaux de finition", il s'élève à 16.724 € ; sur le segment "Activités immobilières", il est de 17.310 € ; sur le segment "BTP autres", il est de l'ordre de 17.769 €. Dans les trois cas, l'augmentation tourne autour des 15% entre 2017 et 2018.

 

 

L'Île-de-France a profité de la hausse des seuils pour remonter à la moyenne nationale

 

Sur le plan géographique, le réseau des Urssaf nous apprend que ce sont les régions Bretagne, Pays-de-la-Loire et Corse qui ont présenté les chiffres d'affaires annuels moyens les plus élevés, de l'ordre de 11.700 € ou plus. A l'inverse, l'Occitanie et le Grand Est affichent les sommes les plus faibles, à savoir moins de 11.000 €. L'Île-de-France a pour sa part profité de la hausse des seuils, voyant son chiffre d'affaires moyen progresser de 13,1% en 2018, lui permettant ainsi de s'approcher de la moyenne nationale. Les autres régions de l'Hexagone enregistrent une augmentation oscillant entre +8,2% et +10,7%.

 

 

Enfin, dans l'optique de mieux accompagner les auto-entrepreneurs, l'Acoss a refondu son site Internet qui leur est dédié - www.autoentrepreneur.urssaf.fr - en proposant de nouvelles fonctionnalités et une ergonomie repensée. En parallèle, une application mobile visant à simplifier les démarches est désormais proposée aux micro-entrepreneurs. Sur le terrain, le réseau des Urssaf généralisera en 2020 une nouvelle offre d'accompagnement, déjà expérimentée à l'heure actuelle en Centre-Val-de-Loire, Champagne-Ardennes et Languedoc-Roussillon. De plus, un accueil des travailleurs indépendants commun à plusieurs organismes de Sécurité sociale du régime général est actuellement testé sur le site de la Caisse locale déléguée pour la Sécurité sociale des travailleurs indépendants de la commune de Bruges, en Gironde. Enfin, l'Acoss lance le dispositif Help, destiné à aider les entreprises en difficulté. Celui-ci sera prochainement expérimenté dans le département de la Marne.

 

"Ce que prouve ces expérimentations, c'est qu'il y a un éloignement réel de la population avec l'administration, population qui a donc besoin d'un accompagnement intensif vers ces démarches administratives", souligne Yann-Gaël Amghar, directeur général de l'Acoss. "L'expérimentation conduite à Bordeaux montre d'ailleurs que les publics concernés sont plutôt précaires. Mais il y a une très forte diminution des impayés chez les indépendants accompagnés."

 

En effet, le réseau des Urssaf a comptabilisé 5% d'impayés pour les indépendants toutes catégories confondues en 2018, et 2% pour les micro-entrepreneurs. L'accompagnement de ces personnes présente donc un intérêt à la fois administratif et financier.

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